Nothing like the last time

C’est drôle comment notre corps se souvient de certains instants.

Je me souviens avoir écouté son premier clip – à vrai dire pas son premier clip, mais le premier clip que j’ai écouté de lui – vraiment naïvement. Sur la page d’un blogue montréalais en 2010 d’un gars qui s’appelle Guillaume Lemay (salut Guillaume, si jamais un jour tu passes ici), sans le mettre plein écran ou l’écouter avec des bons écouteurs. Mais en me disant instantanément que je l’aimais déjà. Qu’il faudrait que je retienne son nom au cas où.

« Watsky, quel drôle de nom. »

Je me souviens aussi une fin de journée de l’été 2017. L’endroit où je travaillais à l’époque était au coin Ontario/St-Germain, j’allais prendre le métro Préfontaine pour retourner chez moi.

Il faisait soleil encore, j’avais eu une bonne journée, et bonne dans le sens que j’étais mentalement et physiquement exténuée. Par ma job, le crush que j’avais à l’époque qui vivait à 5 000 km de mon appartement ou la vie en général. Je ne me souviens plus si j’avais des plans ce soir-là ou si je rentrais simplement me faire à souper. Dans tous les cas, je ne me sentais pas pressée.

Je marchais sur St-Germain avec mes écouteurs aux oreilles. Je me suis rendu compte que Cannonball était exactement la durée de ma marche.

J’ai reproduit l’expérience la majorité des jours cet été-là. Ça me donnait hâte de marcher jusqu’au métro. Le feeling quand je l’écoutais me rappelait beaucoup le feeling que ledit crush me procurait aussi quand il n’était pas à 5 000 km.

Even when the sprinklers cried on us we didn’t mind
We had the rest of our lives to be dry
So we stayed until the edges of the sky turned light
I would have stay until our hair turned white

Je me souviens aller en Californie quelques années avant et assister à une game de baseball parce qu’il en parlait souvent dans des entrevues ou des posts Instagram.

Je me souviens un soir me rendre au Fillmore, salle de spectacle iconique à San Francisco – probablement l’équivalent du Métropolis à Montréal – qu’il avait fièrement sold out un an avant. Il n’y était pas cette même soirée-là, mais me rendre à un endroit significatif pour lui en devenait un pour moi.

If I’m so brave why does looking you in the eye take every ounce of my courage?

J’ai été à sa – potentielle – dernière tournée en 2023.

En étant dans le train vers Toronto le matin du show, je me souviens que j’étais fébrile de le voir pour une dernière fois. J’avais passé une couple d’années à moins l’écouter, mais son dernier album m’avait convaincue de réécouter ce qu’il avait fait dernièrement. NOTHING LIKE THE LAST TIME était une espèce d’hommage-mashup de plusieurs chansons de tous ses albums. Le parfait mélange pour me rendre nostalgique et émotive. Le genre d’affaires que j’aurais aimé pensé si j’avais été DJ ou le moindrement à l’aise avec des logiciels de mixage sonore.

Il n’a pas chanté Cannonball cette tournée-là, mais tout y était. L’émotion, les souvenirs, la passion pour ce qu’il avait créé qui paraissait dès les premières secondes du spectacle. Pas juste de lui, de tout le monde présent.

Nothing like the last time a été sa dernière chanson. Toutes les personnes, sur scène comme dans la foule, étaient au bon endroit au bon moment. J’aurais rien changé.

J’accepterais si c’était la dernière fois que je le voyais. J’en ai profité comme si c’était la dernière fois. Avoir un dernier souvenir aussi heureux, c’est ce qu’on souhaiterait dans plus d’occasions de dernières fois. Autant bien en profiter lorsque ça arrive.



To remind me when I fail myself, when I fail everyone around me

this heartbreak party drains the spirit that remains
That I have been a part of something worthwhile
To remind me of the pleasure of your pulse
The measure of your breath
The rise and fall of our fortunes and our chests
These spectacular triumphs and flops
That even if that moment meant nothing to the universe,
it’s the closest thing to God I’ve got

Bon dixième anniversaire à mon album préféré de lui.

Published by MARYLOUGB

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